Les événements du 16 février 1994 sont encore frais dans certaines mémoires. Sur autorisation des autorités, la Coordination des forces démocratiques (CFD), entité regroupant 5 partis d’opposition, décide de tenir un rassemblement pour manifester contre la politique économique du régime en place. Cette mobilisation, tenue le 16 février 1994, fait notamment suite à la dévaluation du franc CFA intervenue un mois auparavant. Hors de contrôle, des militants demandent aux leaders de marcher sur le palais présidentiel. Le bilan est macabre. Au total, six (06) policiers ont été tués.
L’un des acteurs que la mémoire collective retient le plus est le dahira Moustarchidine de Serigne Moustapha Sy. Ce dernier a d’ailleurs été emprisonné, causant la colère de ses « talibés ». Prenant au mot l’ancien président Abdoulaye Wade qui déclarait « Vous voulez marcher? Eh bien, marchez !», les manifestants se déchaînent dans la rue pour rejoindre le palais de la République. Des émeutes éclatent alors à Thiaroye et à Pikine. « Les heurts deviendront plus graves quand des manifestants encagoulés attaquent les forces de l’ordre à l’aide de couteaux, de machettes, de gourdins et de pistolets. Un spectacle de désolation s’offrira aux yeux des autorités toutes surprises : des magasins pillés, des voitures incendiées dont un véhicule de la police » rappelle le site Senenews. Le bilan est macabre notamment du côté des forces de l’ordre et surprend même les autorités. 6 policiers ont été tués et une vingtaine d’autres blessés et hospitalisés.
Selon Amnesty International, près de 150 personnes ont été arrêtées et inculpées d’atteinte à la sûreté de l’Etat. L’organisation pour la défense des droits de l’homme estime que « certaines personnes, sinon toutes, sont des prisonniers d’opinion détenus uniquement en raison de leur appartenance à un mouvement politique ou religieux ». A la suite de ces événements, les leaders de l’opposition sont arrêtés. Ils seront libérés quelques mois plus tard après avoir entamé une grève de la faim. Et à ce jour, il n’y a toujours pas de coupable.
Par contre, l’histoire bégaie toujours. Le Sénégal continue de connaître des manifestations toujours aussi sanglantes. Les plus récentes sont les émeutes de mars 2021. Les quatorze civils morts sous les balles n’ont toujours pas de coupables un an après. Une situation que continue de dénoncer Amnesty International. Et comme les familles des victimes de février 1994, les victimes des émeutes de mars risquent encore de prendre leur mal en patience.
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