Samia Suluhu Hassan : d’une famille modeste à Présidente de la Tanzanie

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C’est vêtue d’un hijab et tenant le Coran dans sa main droite que Samia Suluhu Hassan a prêté serment au palais d’Etat de la Tanzanie. A la suite du décès de John Pombe Magufuli le 17 mars, des suites d’une complication cardiaque, la vice-présidente a alors pris les rênes du pays, comme le dispose la constitution tanzanienne.

Agée de 61 ans, elle devient ainsi le sixième président de la Tanzanie pour un mandat de 5 ans et première femme à occuper ce poste aux pays de l’île aux épices.

La femme politique la plus sous-estimée de la Tanzanie

L’actuelle présidente de la Tanzanie est originaire de Zanzibar. Ce célèbre archipel est bien connu notamment pour les relations orageuses qu’il a eues avec la Tanzanie continentale. Samia Hassan, occupera le fauteuil présidentiel du pays pour une durée de 5 ans. Son mandat prendra ainsi fin en l’an 2025. Celle-ci est censée effectuer le reste de la période du mandat de son homologue malheureusement décédé. Très active en politique, elle est mère de 4 enfants et est aussi connue pour ses messages d’encouragement à l’endroit des femmes.

Première vice-présidente de l’histoire de la Tanzanie à partir de la prise de pouvoir de John Magufuli, rien ne prédestinait cette femme issue d’une famille modeste au haut grade dont elle dispose actuellement, remarque sunubuzz. C’est un 27 janvier 1960 qu’elle naquit, d’un père instituteur et d’une mère femme au foyer. Samia Hassan est détentrice d’un master en développement économique et communautaire. Elle a été étudiante de l’Université libre de Tanzanie, à Dar es Salaam, et de l’Université du Sud du New Hampshire, aux États-Unis.

Elle est dotée d’une personnalité assez calme et souvent décrite comme étant « posée et réfléchie », notamment lors de ses prises de parole. En cela, elle était bien différente de Magufuli. Ce dernier avait plutôt la réputation d’être un personnage impulsif et qui ne mâchait pas ses mots. « J’ai peut-être l’air polie et je ne crie pas quand je parle, mais la chose la plus importante c’est que tout le monde comprenne ce que je dis et que les choses soient faites comme je le dis », avait affirmé l’actuelle présidente lors d’une interview qui lui avait été accordée. Elle formait ainsi le contraste parfait avec l’ancien chef d’Etat John Pombe Magufuli.

 

 « C’est la femme politique la plus sous-estimée de Tanzanie », affirme le député January Makamba, parlant de la présidente Samia Hassan. Ce dernier avait en effet travaillé avec elle au bureau du vice-président. « J’ai observé de près son éthique de travail, sa prise de décision et son tempérament. Elle est un leader très compétent », avait entre autres ajouté le parlementaire.

Politicienne active depuis les années 2000

Avant de se lancer en politique, l’actuelle présidente de la Tanzanie a d’abord travaillé dans l’administration de Zanzibar de 1977 à 1987. Elle occupera par la suite des postes de responsabilité au sein du gouvernement de Zanzibar mais aussi au niveau du Programme Alimentaire Mondial. Véritable leader, Samia Hassan a par ailleurs été, pendant deux ans, présidente de l’association des ONG de l’archipel Angoza.

Sa carrière politique débute en 2000 avec une nomination en tant que Parlementaire de l’archipel par le parti présidentiel tanzanien Chama Cha Mapinduzi (CCM). Elle occupera par la suite plusieurs fonctions ministérielles. Ce qui lui permettra de gravir très rapidement les échelons. Avant de devenir vice-présidente de John Magufuli, elle a d’abord été ministre des Affaires de l’Union auprès de l’ancien président Jakaya Kikwete.

Plusieurs fois ambassadrice de la Tanzanie à l’extérieur, elle effectuait de nombreux voyages en vue de représenter le président John Pombe Magufuli. En 2016, certaines rumeurs avaient circulé à son sujet. Elle aurait été tentée de démissionner de son poste de vice-présidente en raison de différends avec l’ex-président. La fake news a finalement été démentie par un communiqué officiel, rapporte sunubuzz. 

Une femme politique bien discrète quant à sa vie privée

Malgré qu’elle soit le principal personnage public en Tanzanie, Mme Samia est très discrète en ce qui concerne sa vie privée. En 1978, elle s’est mariée avec Hafidh Ameir, un universitaire spécialisé dans l’agriculture. Depuis sa nomination au poste de vice-présidente, le couple a presque disparu des radars. L’opinion publique leur reconnaît toutefois quatre enfants dont l’un, Mwanu Hafidh Ameir, qui occupe un poste au niveau de la Chambre des représentants de Zanzibar.

Il s’agirait de retenir son souffle

Pour le moment, bon nombre de personnes se posent des questions quant à la stratégie politique qui sera adoptée par la présidente Samia Hassan. Restera-t-elle dans le virage autoritaire pris par Magufuli ? Sunubuzz rappelle que ce dernier avait lancé une stratégie de lutte contre la corruption et en parallèle de gros projets d’infrastructures. Véritable autoritaire, il avait également fait preuve d’ostracisme envers les médias et les activistes défenseurs des droits. Par ailleurs, la réélection de Magufuli en 2020 avait largement été décriée et considérée par l’opposition comme étant une fraude.

A  ceux qui se demandent comment Mme Hassan dirigera le pays, le chercheur Thabit Jacob recommande plutôt de retenir leur souffle. « A ceux qui s’attendent à une rupture avec le style Magufuli, je dirais : “Retenez votre souffle pour le moment » », avait-il affirmé. Selon lui, Samia Hassan va piloter la Tanzanie « avec une base beaucoup plus faible, qui sera contrôlée par le clan Magufuli et les renseignements ». « Elle aura du mal à construire sa propre base et des rivalités entre factions vont émerger », avait-il ajouté par la suite.

Une victoire de plus pour la gent féminine

Samia Hassan rejoint la liste des rares femmes africaines ayant assumé la fonction de chef de l’Etat en Afrique. Elle va donc retrouver sur le podium :

          Sylvie Kiningi : Qui fut Présidente par intérim du Burundi en 1993, après l’assassinat de Melchior Ndadaye.

          Ellen Johnson Sirleaf : La présidente du Liberia de 2006 à 2018.

          Rose Francine Rogombé : Après le décès d’Omar Bongo, elle a assuré la présidence par intérim en 2009.

          Monique Ohsan Bellepeau : Présidente par intérim de l’île Maurice en 2012 après la démission de Sir Anerood Jugnauth.

          Joyce Banda : Elle a été la présidente du Malawi de 2012 à 2014 après le décès de Bingu wa Mutharika

          Cathérine Samba-Panza : Élue par l’Assemblée nationale, elle reste Présidente de transition de la République centrafricaine de 2014 à 2016.

          Ameenah Gurib-Fakim : Elle a dirigé l’île Maurice de 2015-2018. Elle a été élue par le parlement.

          Et enfin Sahle-Work Zewde : Présidente actuelle de l’Éthiopie, élue par l’hémicycle et en exercice depuis 2018.

 

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