Nécrologie : Touba endeuillée… Sokhna Faty Cheikh Awa Balla Mbacké rappelée à Dieu

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Sunubuzz a appris  la triste nouvelle en début d’après midi de ce mardi 26 mars 2019. Sokhna Faty Mbacké « mou » Serigne Cheikh Awa Balla Mbacké a tiré sa révérence.

Toute la rédaction de dakarposte présente ses condoléances à toute la chapelle religieuse de Touba, particulièrement Darou Marnane bref à toute la Ummah Islamique!


      Qui est Serigne Cheikh Awa Balla Mbacké?

Serigne Cheikh Awa Balla était le frère cadet de Serigne Modou Awa Balla, fils aîné de Mame Thierno Birahim Mbacké, « véritable lieutenant de Cheikh Ahmadou Bamba » (voir Ahmadou Bamba face aux autorités coloniales de Oumar Ba). Leur mère Sokhna Awa Balla Diop est la fille de Mayipe Awa Balla Diop de Coki. Mayipe Awa Balla étant le frère de Madou Mame, tous deux fils de Ndiaga Issa Dièye. Rappelons que Madou Mame est le père de Sokhna Fatou Madou Mame, mère du Saint Serigne Bassirou Mbacké Ibn Khadimou Rassoul.

Cheikh Awa Balla vit le jour vers 1900 à Gouye Ngoura, près de Mbacké Baol où a séjourné son vénéré père à cette époque. En effet, Mame Thierno Ibra Faty y vivait pendant ce temps avec toute la famille de Serigne Touba durant l’exil du Cheikh.

Dans le « Marsiya Mame Thierno Birahim », Serigne Moussa Kâ explique qu’après la fondation du village de Darou Marnane à Touba, Cheikh Awa Balla a été sevré (« feral » en Wolof) le même jour où l’eau a surgi pour la première fois du puits du même village. Et Serigne Moussa Kâ de faire remarquer la coïncidence avec la fondation par Cheikh Awa Balla, une trentaine d’année plus tard, d’un village dénommé Darou Marnane avec un puits d’où l’eau jaillissait avec abondance.

SON EDUCATION 

Dès son jeune âge, son père le confia à Cheikh Moustapha, fils aîné de Khadimou Rassoul pour qu’il lui apprenne le Coran. Ce dernier lui apprit l’essentiel du livre saint mais dû le confier à Serigne Modou Makhtar Diop au moment de terminer la mémorisation du saint coran. En effet, Cheikh Moustapha devait répondre au fameux appel de Khadimou Rassoul auquel il avait aussi convoqué Serigne Fallou, Serigne Modou Rokhaya Bousso et Serigne Massamba pour des recommandations historiques.
Une fois le Coran mémorisé, Cheikh Awa Balla suivit avec son frère aîné Serigne Modou Habib l’enseignement des sciences religieuses auprès de son père Mame Thierno Birahim. Serigne Cheikh Awa balla séjourna ensuite à Ndar (Saint-Louis) où il eût l’occasion de confronter ses connaissances à celles de plusieurs oulémas de la ville du Nord.

MBACKÉ KAJOR 

Un jour, discutant avec son lieutenant Thierno Birahim, Khadimou Rassoul s’enquit du séjour de Cheikh Awa Balla à Saint-Louis et le père de ce dernier de lui expliquer qu’il avait atteint les niveaux requis. Il demanda alors qu’il vienne le voir. Celui-ci reçut le message à Saint-Louis et s’empressa d’y répondre. Son père lui signifia que l’appel provenait du saint Khadimou Rassoul. Son père l’envoya ainsi séjourner quelque temps dans la maison de Khadimou Rassoul à Diourbel pour parfaire son éducation.
Quelque temps plus tard, Khadimou Rassoul lui demanda d’aller vivre à Mbacké Kajor auprès de Mouhamadoul Amine Bara son fils à qui il avait ordonné de vivre là-bas aux côtés de Mame Thierno Birahim plusieurs années, auparavant. Le saint homme lui demanda alors de prendre en mariage Sokhna Faty Dame Diop (fille de Sokhna Astou Mbacké de Khadimou Rassoul). Cette dernière venait d’être la veuve de Serigne Ibra Faty Niang Mbacké, fils de Thierno Birahim donc frère aîné de Cheikh Awa Balla. Khadim Rassoul lui demanda alors de fonder son foyer à Mbacké Kajor, dans la même maison qu’habitait Mame Thierno Birahim plusieurs années auparavant. Serigne Ibra Faty Niang Mbacké fut aussi enterré à Mbacké Kajor.
Durant son séjour à Mbacké Kajor, Cheikh Awa Balla tissa des liens très étroits avec son aîné Mouhamadou Lamine Bara le célèbre Waliyou Kajor. Il devient son confident à tel point que ce dernier lui donna le nom de deux de ses fils. Le premier ayant disparu tôt, il lui donna le nom d’un deuxième fils qui n’est autre que le vaillant combattant de l’Islam, Serigne Cheikh Maty Lèye Mbacké, actuel Khalif Général des Mourides (Dieu lui donne longue vie).

DAROU MARNANE

En 1933, sur « Ndigueul » de Mame Thierno Ibra Faty, Cheikh Awa Balla fonda à deux kilomètres de Mbacké Kajor, son premier village Darou Marnane. Un des témoins de cette fondation explique que Cheikh Awa Balla continuait à venir avec ses disciples effectuer les prières de Korité et Tabaski à Mbacké Kajor avec Serigne Bara, signe de l’étroitesse de leurs relations.

TOUBA ROF, DAROU WAHAB, DAROU MINAME PETT 

18 ans plus tard, après la disparition de Serigne Bara en 1937, de Mame Thierno Birahim en 1943, Cheikh Awa Balla fut animé par le même esprit de combattant de l’Islam que son père Mame Thierno Birahim (qui rappelons-le fonda des dizaines de villages de Mbacké Kajor, Darou Mouhty jusqu’à Bélel Day Guett (Yabal). Cheikh Awa Balla fonda alors Touba Roff en 1952 et y creusa un puits avant d’ordonner son fils aîné Mame Thierno d’y constituer demeure en 1955. Entre 1959 et 1960, il fonda Darou Wahab et y affecta son fils Serigne Modou Mahfouss Mbacké (fils de sa sainteté Sokhna Maïmouna Mbacké Bintou Khadimou Rassoul). Grâce à Sokhna Maï et son fils S. Modou Mahfouz, Darou Wahab n’a aujourd’hui rien à envier à aucune ville sainte.
En 1970, il fonda Darou Miname Pett où la majorité de ses « Daaras » étaient implantés sous la direction de son fils aîné Mame Thierno.

BAMBEY, MBABA GARAGE, TIVAOUANE, DAKAR

En plus de ces villages, Cheikh Awa Balla, en étroite collaboration avec ses aînés notamment Serigne Modou Awa Balla, Serigne Fallou et Serigne Bassirou, a répandu la pensée de Khadimou Rassoul dans tout le Sénégal, en implantant des maisons et en instituant des Gamous annuels, qui sont aujourd’hui encore perpétués par son fils aîné Mame Thierno à Bambey, Mbaba Garage, Tivaouane, Khamnane, Tasset, Dakar, etc.
A Tivaouane, le quartier où se trouve sa maison et la plupart de ses talibés est encore officiellement dénommée quartier Cheikh Awa Balla. Sa solide implantation dans cette ville et ses excellentes relations avec la famille d’El Hadji Malick Sy datent des années 50.

CHEIKH AWA BALLA’A BAKH 

Cette expression très répandue dans le milieu Mouride, révèle, selon son fils aîné, une bonté pure de Cheikh Awa Balla rien que pour la face de Dieu. En effet, tous ceux qui l’ont fréquenté pour quelque peu que ce soit l’ont déjà entendu psalmodier brusquement l’expression : « ASTAKHFIROUKA YAKHAFAR » ou des expressions comme SOUBHANA LAH, LA ILAHA ILALAH, etc. Beaucoup de ses homonymes sont d’ailleurs pour cela appelés BAYE YAKHA. Aucun doute que la présence à ses côtés rappelait, à chaque seconde, l’unicité de Dieu et le caractère éphémère de ce bas-monde.
Cheikh Awa Balla était un soufi, un pratiquant du IMAN, ISLAM, IHSAN et qui voulait que la raison de tout acte soit la face de Dieu. Il aimait à dire qu’une semence de bonnes actions ne sera jamais perdue. Si elle ne pousse pas aujourd’hui elle poussera demain. En d’autres termes, celui qui fait du bien récoltera toujours du bien, donc forcez-vous à semer le bien, même si les autres n’en font pas de même, aimait-il à sermonner. Il était un fervent partisan du IHSAN, il voulait que le plus petit acte porte l’ensemble des valeurs islamiques dans son exécution et surtout ne soit fait que pour la face de Dieu.
La qualité des relations qu’il nouait avec les grands hommes de son temps en est une illustration. Mame Thierno son khalife nous raconte que Serigne Modou Awa Balla son aîné l’aimait tellement qu’il refusait de séjourner dans sa propre maison une fois venu à Dakar. Il préférait séjourner dans la maison de son bras droit, talibé et frère Cheikh Awa Balla.
Il nous raconte qu’avec Serigne Bassirou Ibn Khadimou Rassoul, l’amitié était tellement forte que rien ne se passait chez l’un sans que l’autre ne soit au courant. Pour preuve, Mame Thierno nous raconte que Cheikh Awa Balla et son aîné Serigne Modou Awa Balla restèrent 2 mois au total aux côtés de Serigne Bassirou quand ce dernier s’apprêtait à quitter ce bas-monde. Ils ne regagnèrent leur maison que plus tard après la disparition du saint homme.
Ses relations avec Cheikh Moustapha, Serigne Fallou, Serigne Tacko de Darou Salam, toute la famille de Thierno Birahim, de Baye Niasse et du président Senghor entre autres, étaient des plus remarquables.

Il termina son oeuvre ici-bas le 25 avril 1976 en laissant à sa famille et ses disciples l’image d’un homme de Dieu, d’un homme BON : CHEIKH AWA BALLA’A BAKH

MAME THIERNO ET SES FRERES SUR LA VOIE DE LEUR PERE
A la disparition de Cheikh Awa Balla, son fils aîné Mame Thierno, aidé de ses frères, Serigne Modou Makhtar Mbacké, Serigne Atekh, Serigne Mahfouz, Mame Thierno, Ahmadou et Mame Mor n’ont ménagé aucun effort pour faire du legs de leur père des foyers ardents d’éducation islamique et religieuse. C’est ainsi que Mame Thierno réussit à obtenir du président Senghor en 1978 la construction de la route Darou Marnane-Darou Mouhty, en passant par Fass Touré. Cette route s’ajoutait à celle réalisée par les efforts du Cheikh lui-même, des années auparavant entre Darou-Marnane et Thilmakha.
Mame Thierno s’attaqua alors au forage de Darou Marnane qui fut construit par le président Abdou Diouf en 1981 et enfin équipé en 1991.
Darou Marnane n’étant plus enclavé et regorgeant d’eau, Mame Thierno fit tout pour que le village soit électrifié en 1996.
Pendant tout ce temps, il avait commencé la construction de la Mosquée de Darou Marnane en 1983.Son père lui en avait donné l’ordre dès que la mosquée de Darou Mouhty eût été terminée, puisque étant prioritaire.
Grâce à Dieu, le 16 juin 2000, Cheikh Mourtada dirigea la première prière de vendredi de la toute nouvelle mosquée de Darou Marnane. Pendant que Darou Marnane se distingue parmi les villes saintes de khadimou Rassoul, Darou Miname Pett dispose d’un forage et Serigne Modou Mahfouz vient de poser, il y a quelques jours, la première pierre de la mosquée de Darou Wahab sur « Ndigueul » de Sokhna Maï Bintou Khadim.
Entre-temps, Serigne Modou Makhtar a fondé Darou Ridwaan Bayti Mbari Bèye où il cultive la terre et a construit un forage. Serigne Atekh lui s’étend sur Darou Khoudoss Thiounielle.
Cheikh Awa Balla récolte les fruits des bonnes actions qu’il a toujours semées. Dieu l’a récompensé aujourd’hui par une famille unie qui perpétue les oeuvres de l’Islam qu’il a toujours entamé pour la face de Dieu.
Cheikh Awa Balla (Que Dieu soit satisfait de lui) était un être exceptionnel, un esclave de Dieu qui vouait un amour profond au prophète Muhammad (PSL), un MURID SADIKH, un talibé qui a eu le « Ngeureum » de Serigne Touba et de Mame Thierno Birahim par la sueur de son front, un grand homme, UN HOMME BON : CHEIKH AWA BALLA’A BAKH

El Hadji MOUHAMADOU LAMINE MBACKE

Petit-fils de Cheikh Awa Balla
PDG de l’Institut Africain de Finance Islamique
Email : [email protected]
Article publié pour la 1ere fois dans le Journal « Le Soleil » en 1999 à la veille du Magal de Darou Marnane. 

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