Parfois le décès est constaté, déclaré à la presse, parfois il ne l’est pas du tout. Parfois, il est comptabilisé au niveau du district régional et ne l’est pas au niveau national. Parfois c’est exactement le contraire. Finalement, donner un nombre exact des décès est quasi impossible jusqu’au jour où (ce vendredi plus exactement), une source autorisée (le médecin-chef du district sanitaire) nous file que 18 personnes sont mortes de covid19 à Touba… comme par enchantement.
D’après les décomptes et avec le décès enregistré aujourd’hui, Touba devait en être à 11. Eh bien non ! La cité religieuse en a listé 18. Autrement dit, au moins 5 , 6 ou 7 personnes mortes n’ont pas bénéficié de communiqués de la part du ministère de la Santé et de l’Action sociale. C’est peut-être parce qu’il s’agissait de grosses personnalités ? Pour mémoire, (juste un exemple) le 07 juin 2020, le district régional de Diourbel annonce 02 décès pour Touba dans son rapport quotidien au moment où Dakar ne prend pas en compte l’un des deux décès. Des ratés qui ajoutent du tourbillon à la communication déjà cataclysmique de mise depuis le début de la pandémie.
Donnons les autres vrais chiffres pendant que nous y sommes. Touba a, ainsi, un cumul de cas confirmés de 487. Présentement, 16 malades sont hospitalisés à Matlaboul Fawzeini, 96 malades sont suivis à domicile, 348 personnes ont été testées négatif et déclarées guéries, 511 contacts sont suivis, 63 familles sont confinées etc…
Repères datés des refus du protocole
Avec ces ratés où des décès sont passés sous silence, des conctacts non isolés et qui vaquent tranquillement à leurs occupations, des cas communautaires qui disparaissent pour ne plus réapparaître, il s’est avéré illusoire de penser que les populations allaient croire à la réalité de la pandémie. Il s’est, par la suite, ajouté un autre drame.
À Touba, en effet, cela fait bientôt plusieurs semaines que des familles refusent d’être placées en quarantaine d’une part ou, d’autre part, de laisser leurs défunts proches subir le protocole d’inhumation prévu pour toutes personnes dont le décès est lié à la covid19. Les raisons sont simples : elles n’ont plus confiance à ce qu’on leur raconte.
( Quelques dates pour étayer ce qui précède)
Le 27 avril 2020 (une femme de 60 ans dont les membres de la famille disent qu’elle est restée 5 ans sans quitter sa chambre), le 08 mai 2020 (un chef religieux qui lui, aussi, n’avait plus quitté sa chambre depuis au moins 10 ans), le 07 juin 2020 (une personnalité dont la dépouille a été confondue à une autre), le 12 juin 2020 (un dignitaire intellectuel de Touba qui sera inhumé malgré la pression exercée sur la famille pour dérouler une opération de désinfection)… Pour toutes ces personnes décédées, le protocole n’a pas eu lieu ou a eu lieu dans une tempête de polémiques.
Aujourd’hui, les équipes chargées de faire respecter ce protocole d’inhumation semblent croiser le fer avec les familles concernées. Dans la cité religieuse, cette charge revient aux agents des services d’hygiène accompagnés des sapeurs pompiers et des éléments de la croix-rouge. Et le pire c’est que lorsque le protocole n’est pas appliqué, les familles ne sont pas généralement placées en quarantaine.
D’où la question : « nous donne-t-on tous les chiffres? » Vraisemblablement, non! Affaire à suivre…
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